"Milieu et architecture", Recension

L’ouvrage :
Yann NUSSAUME, Milieu et architecture. Entretiens avec Augustin Berque, Philippe Madec et Antoine Picon, Collection « Architectures contemporaines » (Richard Klein), éditions Hermann, Paris, 2021.

L’auteur :
Yann NUSSAUME est architecte, professeur à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La-Villette. Il est co-directeur de l’unité de recherche « Architecture, milieu, paysage », et a écrit et co-dirigé la publication de nombreux ouvrages sur les questions architecturales et paysagères.

Compte-rendu :

Cet ouvrage, composé de trois entretiens avec des personnalités marquantes des domaines architectural et paysager actuels, a pour premier objectif « d’aider les personnes intéressées par les rapports entre les milieux et l’architecture à se construire un cadre théorique et des outils de réflexion »[1]. Effectivement, Augustin Berque, Antoine Picon et Philippe Madec nous présentent plusieurs situations qui permettent de mobiliser les notions d’écoumène, de mésologie, de vernaculaire, de nature, de durabilité et de frugalité, rendant ainsi compte de l’existence de liens concrets entre l’architecture et son contexte. Depuis leurs cadres disciplinaires respectifs - la géographie, la civilisation orientale et le paysage pour Augustin Berque ; l’histoire de l’aménagement et de l’architecture pour Antoine Picon ; et l’architecture contemporaine et ses enjeux éthiques et écologiques pour Philippe Madec -, ils explicitent les multiples relations qui se nouent entre l’acte d’aménager et le milieu dans lequel il se réalise. Voici quelques arguments à travers lesquels chacun de ces penseurs va nous conduire à une perception enrichie de notre environnement, première amorce d’un changement de perspective possible.

Augustin Berque : l’expérience des lieux pour dépasser le dualisme moderne

Augustin Berque développe depuis toujours la quête d’un dépassement possible du dualisme moderne à travers la proposition d’une approche « mésologique » (la science des milieux) de l’écoumène[2]. Encore présente dans certaines civilisations orientales, mais également au cœur de l’approche paysagère, le couplage des choses à leur représentation constitue ici une véritable opportunité de percevoir ce dépassement, dans la mesure où la représentation permet de conserver une continuité entre la chose perçue concrètement et la chose conçue par le biais de la pensée. Le concept de « Fudosei » rend alors précisément compte de ce « moment structurel de l’existence humaine »[3] qui se réalise dans le temps particulier de l’expérience des lieux. A cette occasion, nous développons tous une sensibilité individuelle à notre environnement, mais la question se compléxifie énormément quand il s’agit de passer à la dimension collective. Comment nos logiques d’articulation éco-techno-symboliques pourraient-elles aujourd'hui se structurer différemment pour organiser une meilleure appréhension collective des milieux contemporains, demande alors Augustin Berque ?

Les rapports des humains à l’étendue terrestre ne pourront jamais être réduits à des dimensions mesurables puisqu’ils sont avant tout sensibles. La perception d’un lieu découle essentiellement des pratiques que l’on y développe, rappelle encore Augustin Berque, et les milieux s’éprouvent suivant le principe d’une « trajection », c’est-à-dire suivant une interprétation sensible du lieu qui se réalise dans le cadre même de l’interaction concrète avec lui. La relation établie avec un environnement s’exprime alors ensuite suivant différentes métaphores qui dépendent de tendances développées à chaque époque. Depuis « l’éther antique », qui désignait la matière intermédiaire agissant entre deux corps, en passant par les déterminations environnementalistes des géographes du XIXème, puis aux explications plus sociétales des géographes culturalistes (Paul Vidal de la Blache), ou encore par la phénoménologie (Edmund Husserl) et la remobilisation du corps sensible, et enfin, par la quête du vivant (Georges Canguilhem), les motivations restent donc extrêmement mutliples.

Et si la modernité a effectivement inventé un sujet individuel tout puissant, nous dit encore Augustin Berque, la condition « transmoderne »[4] cherche aujourd'hui de son coté d’autres termes pour redéfinir le sujet, en faisant notamment appel à la dimension d’une « cosmicité » élémentaire, en relation avec un usage du sol plus acceptable et mieux socialement partagé. Cette posture n’implique d’ailleurs pas de renier les avancées techniques et sociales réalisées par la modernité, mais il s’agit d’y réintroduire certaines mesures qui en ont été éliminées alors qu’elles sont aujourd'hui indispensables pour établir une relation concrète et réciproque avec notre environnement.

Antoine Picon : une histoire de l’architecture qui intègre les exigences de son milieu

Antoine Picon a de son côté cherché à détecter la prise en compte du milieu dans les écrits historiques d’architecture. Il conclut alors que cette attention se manifeste principalement dans les textes suivant trois aspects : à travers la pensée d’un auteur, soit qui est conscient d’appartenir à un milieu, ou bien qui réalise la recension des influences concrètes d’un milieu sur les modes de vie, ou bien encore, qui développe une approche théorique du milieu.

Il faut rappeler qu’en architecture, après l’expérience des Grands ensembles, la notion de « contexte » a été largement remise en avant, jusqu’à parfois en faire un instrument de pure provocation, comme chez Rem Koolhaas et son « Fuck the context »[5]. Effectivement, la vocation de l’architecte n’est-elle pas contradictoire par nature ? Car il lui faut à la fois prendre en compte les contraintes imposées par un milieu (sol, climat, eau, etc.), tout en cherchant à produire un établissement humain qui s’affranchisse de ces conditions initiales pour se constituer pleinement en un espace humain. Toute l’architecture a bien été fondée sur le principe de la satisfaction première des exigences humaines. Les formes produites pouvaient par ailleurs parfois s’inspirer des formes offertes par la nature, dans la mesure où ce goût correspondait aux attentes esthétiques du moment dans la civilisation considérée.

A travers l’identification de quatre périodes, Antoine Picon rend donc compte des enjeux architecturaux dominants successifs. La période antique est notamment caractérisée par une grande diversité expressive qui correspond à la variété des attentes culturelles. Puis, à la Renaissance, l’architecture devient une activité plus intellectuelle, qui s’énonce à travers des traités, et qui élabore un ensemble de règles et de codes. Au XVIIIème siècle, alors que l’Occident découvre le reste du monde, il renonce dans le même temps à un certain nombre de principes universels tout en incluant des penchants exotiques. Puis, à partir du XIXème siècle, la notion d’utilité va commencer à dominer dans un contexte de rationalisation de la production, et la nature va également faire son apparition dans le domaine de la conception urbaine à travers les préoccupations des hygiénistes. La période d’après-guerre va ensuite marquer une nouvelle rupture en introduisant une architecture industrielle et systématique qui déclenchera par la suite une vive réaction d’opposition. L’architecture moderne sera également largement critiquée, notamment par le « régionalisme critique » proposé par Kenneth Frampton (1983), qui remet en valeur l’architecture traditionnelle et locale, toujours réalisée en forte relation avec son milieu.

Relativement à ces héritages, les attitudes des architectes contemporains restent finalement aujourd'hui très disparates, remarque Antoine Picon. La montée des enjeux environnementaux à partir des années 1990, a effectivement introduit de nouvelles exigences dans la réalisation architecturale, qui passe notamment par les notions de porosité et de perméabilité. La ville est également désormais considérée comme un « paysage urbain », et l’architecture est envisagée comme le résultat d’un processus dont il s’agit de mieux comprendre (et de maîtriser) les différentes phases et facteurs de réussite. Antoine Picon rappelle à ce propos que, dans cette nouvelle perspective, l’emboitement des échelles et la conception participative sont appelées à jouer des rôles centraux.

Philippe Madec : la frugalité comme éthique architecturale

Dès sa sortie de l’école d’architecture, en 1970, Philippe Madec s’est demandé comment faire le lien entre ce qu’il avait appris de l’architecture moderniste et son héritage vernaculaire breton. Il a alors eu besoin de distinguer la modernité envisagée comme une « expérience ardente et permanente du monde », du modernisme, qu’il a résumé à « une conception machiniste de l’établissement humain »[6] simplificatrice et uniformisante. Dans cette perspective, le régionalisme pouvait rester une solution envisageable et pertinente. Et sans écarter les avancées modernes, il redevenait possible d’affirmer des formes d’intérêts pour la topographie, le climat, la lumière, etc. Enfin, si l’on accepte de croire que le « développement durable est le nouveau grand récit mondial »[7], il s’agit également de se donner les moyens d’intégrer ses principes à l’architecture, et cela, sans pour autant oublier de valoriser le rôle de l’architecture comme un geste humain qui questionne la relation au cosmos. En évitant de s’en tenir à un strict biomorphisme, quels pourraient alors être les mécanismes de la nature dont il serait effectivement possible de s’inspirer, se questionne encore Philippe Madec.

Il fait alors allusion au concours du Global Award for Sustanable Architecture[8], qui récompense depuis 2006 des projets vertueux ancrés dans leurs territoires, en travaillant également à partir d’un modèle coopératif. Les architecturales frugales qui y sont développées permettent d’amorcer des démarches durables sur les plans économiques, écologiques et sociétaux. Car si la première mission de l’architecture reste bien celle d’apporter des qualités à la « spatialisation des conditions de vie », comme le dit Renzo Piano, cette spatialisation doit alors intégrer à la fois une conception écoresponsable du bâti et de l’usage des matériaux, mais également une attention spécifique à ce qui est déjà là. Dans cette perspective, la prise en compte de la frugalité dans le projet architectural interroge forcément l’enseignement tel qu’il est dispensé aujourd'hui et elle introduit également la nécessité de penser à de nouvelles matières d’enseignement, telle que l’écologie, la podologie, l’hydrologie, etc., ajoute alors Philippe Madec.

En croisant la pensée d’un géographe-philosophe en quête de dépassement de la modernité à travers l’expérience concrète des lieux, d’un historien qui dresse l’inventaire des différentes manières de prendre en compte l’environnement dans le projet architectural, et d’un architecte qui expose de nouvelles manières de pratiquer le projet architectural en incluant les préoccupations environnementales, apparaissent de multiples manières de repenser l’acte de bâtir. Repartant du point de vue humain, comment est-il aujourd'hui possible de construire en intégrant une plus grande attention aux enjeux environnementaux ?

Premiers héritiers de la modernité, les architectes sont aujourd'hui placés face à des dilemmes profonds et permanents, oscillant entre la réparation d’un monde hérité du modernisme[9], tout en ayant la responsabilité d’inventer les termes d’une nouvelle architecture plus frugale, qui « ménage » son environnement. A travers cet ouvrage, Yann Nussaume nous présente alors de manière très conviviale et accessible un chemin habilement conduit pour explorer un certain nombre des réflexions actuelles nécessaires pour formuler de nouvelles propositions.

 

 

[1] Nussaume, 2021, p7.

[2] L’écoumène est défini par Augustin Berque comme l’ensemble des relations de l’humanité à l’étendue terrestre.

[3] Nussaume, 2021, p18.

[4] Rosa Maria Rodriguez Magda, La condition transmoderne, L’harmattan, 2014.

[5]  Extrait de Delirious New York, Parenthèses, en 1978.

[6] Nussaume, 2021, p220-221.

[7] Nussaume, 2021, p236.

[8] Le Global Award for Sustainable Architecture ™, créé en 2006 par l'architecte et chercheur Jana Revedin, en partenariat avec la Cité de l'Architecture & du Patrimoine et les institutions membres de son comité scientifique, distingue chaque année cinq architectes qui partagent les principes du développement durable et d’une approche participative de l’architecture aux besoins des sociétés, au Nord comme au Sud de la planète. https://www.citedelarchitecture.fr/fr/article/global-award-sustainable-architecture

[9] Nussaume, 2021, p308.

Rives Méditerranéennes, n°61, 2ème Recension

Dans le cadre de la rédaction du numéro 61 de la revue Rives Méditerranéennes, Christelle Gramaglia et Matthieu Duperrex ont réuni dix articles relatifs aux enjeux posées par les questions environnementales dans le contexte du golfe de Fos-sur-Mer (13). On se rappelle effectivement le gigantisme de l’opération qui a concerné la construction de la ZIP[1] dans les années soixante, à l’occasion de laquelle deux fois 7.500 hectares ont été soustraits à des zones marécageuses vierges. Sur ce territoire, l’industrie a non seulement transformé les paysages, mais également le fonctionnement intime des lieux jusqu’à les rendre infréquentables par leurs habitants[2].

couverture de la revue rives méditerranéennes numéro 61

Il s’agissait donc dans ce numéro consacré à ce territoire très spécifique de renseigner l’histoire de la construction de la mobilisation environnementale depuis 200 ans. Effectivement, les implantations industrielles sur ce territoire des confins ne datent pas de l’après-guerre mais remontent aux premières industries liées à l’exploitation du sel. Leur présence a dès le départ engendré un rapport de forces permanent, inégal et violent, imposant les impacts des activités aux populations concernées, qui ont développé en retour des modes de mobilisation collectifs, expliquent Xavier Daumalin et Christelle Gramaglia.

Mais si le développement de l’activité pétrolière sur la côte provençale résulte de la conjonction de plusieurs facteurs liés à l’origine de la ressource moyen-orientale du pétrole à partir du début du XXème siècle, puis à l’installation de trois raffineries dès 1928 sur les rives de l’étang-de-Berre, l’attention à la pollution maritime ne date, elle, que d’après-guerre. Elle s’est ensuite formalisée à l’occasion de la convention internationale MARPOL 73/78 du 2 octobre 1983 [3] qui a obligé à déclarer tout rejet en mer provenant d’un navire. Fabien Bartolotti dresse alors une histoire de la politique environnementale conduite par le port de Marseille depuis 1968, à partir du moment où les importations de pétrole ont atteint 85 % du contenu du volume des échanges.

La construction du complexe industrialo-portuaire de Fos a donc effectivement démarré dans les années 1965, et dès 1971, un Secrétariat Permanent pour les Problèmes de Pollutions Industrielles (S3PI) a été créé afin d’assurer un suivi et une police de la pollution locale. Dans le contexte de la loi contre la pollution atmosphérique et les odeurs du 2 août 1961, puis de celle sur la pollution de l’eau du 16 décembre 1964, et enfin de la rédaction des « Cent mesures pour l’environnement », en juin 1970, Xavier Daumalin s’est intéressé aux moyens, aux enjeux et aux pouvoirs de cet organisme circonstancié, inédit et exemplaire, qui s’inscrivait dans une région considérée, « de Marseille jusqu’à la Camargue, comme le test de la politique française de l’environnement »[4].

De son coté, Aurélien Allouche s’est penché sur les mobilisations citoyennes relatives à la réhabilitation écologique de l’étang de Berre entre 1988 et 1992. Elles avaient pour ambition d’arracher l’étang à sa vocation industrielle suivant trois stratégies. La première passait par une reterritorialisation de l’étang afin de renverser la logique de la planification fonctionnaliste portée par l’aménagement étatique. La seconde envisageait un renversement du paradigme économique industriel en le délocalisant au bénéfice du développement d’une économie de proximité. Enfin, dans un troisième temps, le militantisme syndical allait être mis au service des nouvelles perspectives écologiques.

Mais quand un territoire réunit quarante et un sites industriels classés Seveso[5] tout en accueillant plusieurs de dizaines de milliers d’habitants, les lieux de conflits sont multiples. Claire Osadtchy s’est intéressée aux formes et aux termes de ces conflits, ainsi qu’à l’apparition de la notion de « concernement » environnemental. Comment se sont notamment exprimées les implications environnementales dans le contexte de la contestation des deux projets assez récents, d’implantation d’un nouveau méthanier sur la dernière plage publique de Fos (mis en service en avril 2010), ou bien du nouvel incinérateur de l’agglomération de Marseille (mis en service en janvier 2010) ?

Ce sont également les attachements territoriaux persistants qui ont mobilisé Christelle Gramaglia et Emilie Duchêne. Comment l’habitabilité des lieux s’est-elle malgré tout maintenue dans ce contexte d’industrialisation généralisée et de pollution avérée ? Comment les pratiques domestiques ont-elles alors évolué dans leurs relations au danger et au risque ? Et comment les habitants s’accommodent-ils de la pollution en continuant à habiter ces lieux ? On note dans ces contextes très particuliers l’apparition de nouvelles formes de connaissances et de tactiques de vie qui permettent d’organiser un quotidien acceptable.

Par ailleurs, il existe désormais sur ce secteur un « cadastre des maladies environnementales », dont rend compte Marc Andéol, et qui pointe sur Google Maps les micro-milieux ayant été la cause directe d’au moins un cas avéré de maladie grave. Ce cadastre, constitué par onze médecins volontaires, réunit les informations collectées jour après jour, selon une procédure rigoureuse, et informe sur les effets des conditions d’exposition aux substances toxiques connues. Réalisé entre 1994 et 2016, il a permis de construire un répertoire de connaissances relatifs à la nocivité de chaque substance dans des contextes particuliers, mais également de distinguer les maladies professionnelles des maladies générées par le milieu de vie.

Il existe également des zones humides directement connectées à l’étang de Berre qui constituent des zones naturelles endommagées. Située à l’aval d’un bassin versant anthropisé, une contamination diffuse et  récurente de sédiments a été identifiée dans la zone humide de la Palun. Quelles perspectives de résilience du marais sont alors envisageables dans le contexte d’une pollution chronique constatée ? La réalisation d’une zone humide artificielle en amont du marais est un projet qui permettrait sans doute de contribuer à l’épuration des eaux, mais sa mise en œuvre reste complexe dans le contexte de l’intégration des usages et des attentes multiples, et souvent divergents, entre les différents acteurs du territoire. Par ailleurs, quel va être l’état de référence recherché, et pour quelle durabilité ? Carole Barthélémy et ses collègues nous informent ici sur la réparation possible des atteintes environnementales dans le contexte socio-économique contraint de l’étang de Berre.

Enfin, Philippe Chamaret suit, depuis sa création en 2010, l’activité de l’Institut Ecocitoyen (IECP)[6], qui étudie les effets des pollutions sur l’environnement et la santé suivant un principe participatif. Créé à l’occasion de la mobilisation des habitants de Fos-sur-Mer contre le projet d’incinérateur, les quarante structures associatives initialement mobilisées voulaient avoir des informations sur les impacts cumulés des différentes pollutions sur les habitants. Il s’agit bien ici de montrer à quel point ces territoires industrialisés sont vulnérables, mais également de former la population à l’évaluation de la pollution.

Au final, ces dix contributions d’origines disciplinaires diverses construisent un paysage riche et très dynamique de cette portion du territoire terriblement affectée par les impacts environnementaux de l’industrie lourde. L’approche historique nous permet de nous rendre compte des héritages et de la constitution d’une culture liée à ce fonctionnement industriel. Il nous rappelle également les nuisances subies depuis toujours par la population, et les formes renouvelées de lutte contre ses impacts, tout en continuant à vouloir profiter d’un cadre de vie à caractère naturel et satisfaisant. On assiste au récit d’une lutte constante entre des acteurs qui n’ont effectivement pas le même poids et le même droit de parole, et les enquêtes de terrain donnent l’occasion de rendre compte de cette situation déséquilibrée tout en la rendant plus visible et compréhensible aux regards extérieurs. Ainsi apparaît un territoire méconnu, difficile mais inscrit dans un local très puissant et mobilisateur.

[1] ZIP : Zone d’Industrialo-Portuaire, ou encore un espace qui associe des activités portuaires et industrielles au sein d’un système économique et spatial complexe, localisée soit un littoral maritime ou bien sur une voie d'eau intérieure (grands fleuves ou canal à grand gabarit).

[2] A cause de la pollution ou d’interdictions d’accès.

[3]  Son amendement date du 5 décembre 1985.

[4] Disait Jacques Monod en 1971.

[5] Les sites Seveso produisent ou stockent des substances pouvant être dangereuses pour l’homme et l’environnement. Ils sont soumis à une réglementation très encadrée qui vise à identifier et à prévenir les risques d’accident pour en limiter l’impact. Un établissement est classé Seveso en fonction de la quantité maximale de substances dangereuses susceptibles d’être présentes. Ces substances dangereuses sont listées dans la directive Seveso et ont été reprises au niveau national dans la nomenclature des installations classées pour la préservation de l’environnement (ICPE).

[6] http://institut-ecocitoyen.fr/pres.php