Ce dossier fait suite à la journée d’étude Quel(s) (en)jeu(x) pour sensibiliser à la fabrique de la ville?, qui s’est tenue en novembre 2018 dans les locaux de Canopé à Marseille et qui a été organisée conjointement entre le laboratoire PROJECT*S de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille et l’axe Artefacts de formation du laboratoire ADEF (Apprentissage, Didactique, Evaluation, Formation) de l’Insitut national supérieur du professorat et de l’éducation, Aix-Marseille Université. Une partie des textes qui composent ce dossier présente les communications faites ce jour-là mais retravaillées suite aux débats de la journée. L’autre partie provient de contributions proposées par des auteurs dont les réflexions ont permis d’approfondir des questionnements initiés lors de celle-ci.
Dans le cadre de la loi sur l’architecture de 1977 et de la stratégie nationale pour l’architecture de 2015, les CAUE, Maisons de l’Architecture et de la Ville, Ecoles Nationales Supérieures d’Architecture, Directions Régionales des Affaires Culturelles et autres associations multiplient les actions à vocation pédagogique (conférences, expositions, visites, ateliers, jeux, etc.), entre sensibilisation et apprentissage de l’architecture, de la ville et du paysage, vers des publics variés. Ces actions posent inévitablement la question des publics concernés et en conséquence des compétences et rôles des médiateurs, comme des supports de médiation, en fonction d’un objectif de simple sensibilisation ou plus complexe de réel apprentissage.
Ainsi, la forme du jeu, fortement interactive, expérientielle et facilement collective, est-elle souvent proposée comme partage entre médiateurs et publics et entre les publics eux-mêmes. Nous avons donc souhaité interroger la forme du jeu comme support de médiation autour des questions suivantes :
Quels points de jonction et de frictions entre jouer, projeter et faire ?
Que faisons-nous quand nous jouons (pour sensibiliser à la fabrique de la ville) ?
Le jeu pour faire quoi ?
De quelle manière on “se met en chemin avec” (Ingold, 2017) lorsque l’on joue?
En quoi le jeu peut-il être moteur dans la compréhension du fonctionnement des règles du vivre-ensemble et de la fabrique de la ville ?
Quelles en sont les apports et les limites ?
Dans cette perspective nous proposons ici un ensemble de contributions, de récits d’expériences et de recherches, menés dans le cadre de l’Inspé d’Aix-Marseille et des ENSA françaises, avant tout mais pas uniquement, car notre ambition est de rapprocher, avec ce numéro, la recherche en éducation et la question de la formation dans le cadre de l’architecture. Les questions complexes relatives à l’enseignement et à l’apprentissage nécessitent des regards croisés multiples pour être éclairés. Des processus aussi complexes ne peuvent être compris sans une approche inter- voire trans-disciplinaire. C’est dans cette perspective que ce projet de publication a vu le jour dont la première étape consiste à construire un « monde commun » qui permettra des prolongements possibles sur la base de concepts identifiés et partagés au sein de cette nouvelle communauté qui associe des architectes, des paysagistes, des chercheurs en sciences de l’éducation et des sciences sociales et humaines, des formateurs et des enseignants.